Du CAPCIR au PERCHE
Voila ce que les terroirs traversés ont inspiré à mon mari sur la route du retour, pendant qu'il conduisait et que je dormais.
Voyage Gourmand
Hier j'ai sillonné ces terroirs gourmands.
J'ai quitté le Capcir, haut plateau catalan
Avec en bouche le goût des saucisses de montagne,
Du fromage au lait cru des brebis de Cerdagne.
De virage en lacet, de village en clocher,
J'ai rêvé chapelure et amandes effilées
Qui, sur les bords de l'Aude, habilleraient les truites
Que j'aurais fait griller et servies juste cuites.
Et puis voyant les vignes, arrivant sur Limoux
J'ai dû penser Blanquette au pétillement si doux,
Qui bulle dans nos verres et amuse nos papilles
Autour d'un gros gâteau que l'on mange en famille.
Mais à peine plus loin, les ceps de Corbières
Fiers comme des cathares qui partiraient en guerre
Attendaient le printemps pour gorger les raisins
Du sucre qui fera à l'automne le bon vin.
Et soudain un fumet, à Castelnaudary,
Celui d'un cassoulet ou d'un canard confit,
Se fit toute douceur pour mieux plaider sa cause
Et pour m'accompagner jusqu'à Toulouse la Rose.
Quand Blagnac fût passé, d'autres ceps alignés
Striaient les flancs pentus des coteaux frontonnais
D'où sortiront les vins aux accents de Sud-Ouest
Que l'on pourra goûter sur les marchés du Gers.
Puis les nombreux vergers autour de Montauban
M'ont déjà fait promesse de cageots abondants
De pêches et de kiwis, de douces nectarines
De brugnons pleins de sucre, de pavies si divines.
Et c'est seulement ici que j'obliquais au Nord
Pour voir d'autres vignes, aux abords de Cahors
Coincées entre le Lot et les flancs du Quercy,
Qui donneront ces vins aux arômes de fruit.
Mais plus je remontais plus je sentais l'appel
De ces foies gras entiers et des truffes en lamelles
Des pommes sarladaises à la graisse de canard
Des pescajounes aux poires qu'on mange un peu plus tard.
À peine Brive dépassée, ce sont les milhassous
Qui fredonnaient un air du genre "Reste chez nous"
Pendant que je rêvais d'un veau d'lait sous la mère,
Et d'une tarte aux myrtilles cueillies aux Monédières.
En traversant la Creuse, j'entendais mijoter
Ces soupes de grand-mère sur le coin du foyer
Alors que dans le four d'une cuisinière à bois
Cuisait tout doucement un grand gâteau creusois.
J'ai vu des pyramides comme celles de Valençay,
Des ronds de Selles sur Cher à la croûte cendrée
Et des fromages de chèvre aux noms bien moins connus
Qui valent leur détour et vous transportent aux nues.
En forêt de Sologne, juste un peu avant Blois
Je me voyais très bien faire bombance de roi
M'offrant quelques gibiers, quelques morceaux choisis,
Quelques cailles arrosées d'un merveilleux salmis.
En traversant la Beauce ce sont ses plaines immenses
A la terre généreuse, celle du grenier de France,
Qui m'ont promis farine aux prochaines moissons
Et beaucoup d'autres graines si chères aux marmitons.
Et enfin j'arrivais dans mon Perche, fatigué,
J'avais faim !…..
Faim….
…De boudin de Mortagne et de terrines maison,
De tartes aux pommes dorées, de cidre percheron
De rillettes sarthoises, de distillats secrets
Qui relèveraient le goût de mon café sucré.
MD